Tous les professionnels sont un jour ou l’autre amenés à envisager leur communication sur la toile. Petit problème : à moins d’être soi-même un acteur aguerri du secteur, la multitude des prestataires potentiels a de quoi laisser perplexe. Et si l’on creuse davantage le sujet, on se rendra vite compte que les tarifs proposés ici et là constituent une fourchette étonnamment large. Passons donc en revue les différents types de prestataires existants, leurs spécificités, points forts et points faibles, mais aussi (et surtout) leur adéquation avec votre besoin.
Ce paragraphe est comme Alex : il n’a rien à faire ici. Ce qui pourrait passer pour une plaisanterie gratuite est malheureusement le reflet d’une triste réalité. De trop nombreux entrepreneurs ont encore le mauvais réflexe de confier la création de leur site internet à un ami, un proche, un membre de la famille. Bref, à n’importe qui, pourvu qu’il ne s’agisse pas d’un professionnel. Vade retro webdesigner.
Après tout, le petit Alex a fait un truc super sympa avec Photoshop pour le mariage de sa cousine. Il pousse même le génie jusqu’à maîtriser le Pack Office. Bref, “il s’y connaît”. Et, contre quelques pizzas ou une bonne bouteille, on devrait facilement s’en tirer à bon compte. Quant aux plus hardis, ils se lancent personnellement dans la bataille, y consacrant leurs soirées et quelques week-ends, “en attendant de voir leur activité démarrer”…
Sans plus attendre, mettons fin à ce suspense insoutenable : ce type de démarche est voué à l’échec. Alors que le rôle d’un professionnel est de vous écouter, de vous interroger, de vous contredire parfois, de vous apporter son conseil, son expérience technique et quelques bonnes idées, Alex se contentera de suivre vos indications, que celles-ci soient pertinentes ou non, avant de les réaliser plus ou moins habilement selon ses capacités.
Vous avez un peu de temps libre et envisagez naturellement de réaliser vous-même votre site ? Commencez par vous demander pourquoi les métiers du web nécessitent des années d’apprentissage mais aussi d’expérience concrète. Cette simple question devrait vous remettre sur une voie plus constructive. Et si malgré tout vous tenez toujours à votre projet de départ, interrogez-vous alors sur les motivations profondes de votre démarche. S'agit-il pour vous de faire l'économie d’un budget que vous imaginez colossal ? D’une envie de vous “amuser à faire du web, parce qu’après tout, ça n’a pas l’air si compliqué que ça” ? De l’idée que personne ne saura mieux que vous ce qui vous convient ? Inutile de préciser en quoi ces motivations, sans doute les plus répandues, reposent sur des croyances erronées et mènent tout droit à la catastrophe.
Notons tout de même les deux points de satisfaction à en attendre : un investissement de départ proche de zéro ainsi que la fierté du désormais fameux “c’est moi qui l’ai fait !”. Mais malheureusement un vrai désastre en termes d’image et de retombées professionnelles.
On pourra certes sourire de ce premier exemple, mais on ne compte plus les entrepreneurs qui massacrent littéralement leur activité en improvisant de la sorte. Si l’intention de départ n’a rien de condamnable, ce processus témoigne avant tout d’une méconnaissance profonde des enjeux, des atouts potentiels mais aussi de la complexité d’une communication web réussie. Restons lucides : aujourd’hui, “avoir un site web” n’est plus suffisant. Un espace internet qui se contente d’être un simple bidouillage maison ne sera rien de plus qu’une goutte d’eau perdue dans l’océan des sites désormais en ligne. Il n’y a rien à en espérer, si ce n’est la perte d’un temps pourtant précieux. Au final, devant un résultat aussi décevant, ces bricoleurs du dimanche finissent par tirer de leur expérience la conclusion radicale suivante : “un site internet, ça ne sert à rien”. Raison supplémentaire d’éviter de faire appel à un professionnel… CQFD.
Les prestataires informatiques, sociétés ou indépendants, sont nombreux à proposer leurs services pour la réalisation de sites internet. Ceci parmi tant d’autres choses : maintenance de réseaux, installation de matériel, sécurisation de données, assistance technique, etc. Ces intervenants rencontrent même un certain succès sur le marché, ceci pour deux raisons principales. D’une part, beaucoup s’imaginent encore qu’un site internet est une affaire de technique, de “l’informatique”, mystérieuse et donc fascinante discipline. D’autre part, paramètre non négligeable, ces prestataires proposent le plus souvent des tarifs extrêmement concurrentiels, du moins à première vue.
Rappelons-le encore et toujours, un site internet est avant tout un outil de communication. Il est le fruit d’un travail approfondi, d’abord sur le fond, puis sur la forme. Définition d’une stratégie, élaboration d’une arborescence pertinente, création graphique qualitative, contenus rédactionnels travaillés, développement, tests de compatibilité sur différentes plateformes, référencement, optimisation du code et des images, mise en ligne… les étapes sont nombreuses, tout comme les compétences à mettre en œuvre.
Or, si les “sites internet” proposés par ce type de sociétés sont souvent attractifs en termes de budget, ils le sont beaucoup moins pour les internautes. Précisément parce que la majeure partie des étapes évoquées ci-dessus est purement et simplement ignorée. N’attendez pas de réflexion sur le public visé, d’ergonomie intuitive, de charte graphique dédiée, de messages élaborés. Sans s’en rendre compte, les clients de ces prestataires font l’acquisition… d’une coquille vide. Pour autant, il n’y a pas lieu de remettre en cause l’implication de ces équipes. Il s’agit simplement d’un type de sensibilité pour lequel les subtilités de la communication, du graphisme ou de l’ergonomie se résument à du pinaillage.
Prenons un exemple simple. Lorsque vous vous offrez un ticket de cinéma, payez-vous pour le bonheur immense d’observer la projection d’un faisceau lumineux sur une toile blanche ? Ou en attendez-vous plutôt de connaître quelques émotions inspirées par le jeu des acteurs, un scénario qui vous tient en haleine, une bande son qui vous emporte ? Tout comme pour vos films préférés, la seule vraie mission de votre site internet est de transmettre des contenus, si possible de manière claire et attrayante pour des êtres humains… Sa dimension strictement technique n’est rien d’autre qu’un support. Nécessaire, mais très loin d’être suffisante. Confier la conception de votre site internet à une équipe d’informaticiens revient à penser qu’un projectionniste serait en mesure de réaliser Star Wars. Plus qu’à espérer que la Force soit avec vous !
Dans ce type de configuration, la méthode de travail est souvent la même : partir d’un modèle (couramment appelé “template”) que l’on décline à l’infini, client après client. Ce qui présente l’avantage d’être relativement simple et rapide. Dans ce template, qui est une sorte de site prêt à l’emploi, il suffit de remplacer les éléments présents par défaut par ceux transmis par le commanditaire : codes couleurs, logo, textes, quelques photos de l’équipe et des locaux… et voilà, l’affaire est dans le sac ! Cette manière de procéder, qui tient davantage de l’habile copier-coller que d’une démarche de communication, parvient à faire illusion pour un temps auprès des moins avertis.
Ce type de sites se reconnaît au premier coup d’œil. Maquette vieillotte, textes indigents (souvent truffés d’approximations orthographiques osées), rubriques inutiles quasiment sans contenus, petits cliparts ou autres gifs animés pour signaler qu’on peut envoyer un email. Dans les cas les moins défavorables, le template servant de base à la fabrication du site est esthétique et actuel. Ce qui pour autant ne suffit pas à assurer une cohérence globale, ni stratégique, ni visuelle, ni rédactionnelle. En effet, les ajouts ou modifications du modèle de départ ne sont pas au niveau. Quoi de plus normal quand on y songe ? Après tout, les points forts d’un informaticien s’expriment ailleurs. Mieux vaudra faire appel à ces professionnels chevronnés pour leurs véritables compétences, notamment en cas de besoin d’appui technique ciblé.
En résumé, cette solution n’est à retenir que dans l’hypothèse suivante : vous êtes intimement persuadé que communiquer, c’est pour les faibles.
Ces dernières années, au gré des rencontres, j’ai été frappé par l’apparition d’une expression a priori anodine. On entend de plus en plus souvent de jeunes entrepreneurs, restaurateurs ou commerçants parler, non sans une pointe de fierté, de “leur site Facebook”. L’exemple peut se décliner à l’envi ; “mon site je-vais-au-restau-point-com”, “mon site les-meilleures-boutiques-de-mon-quartier-point-com”, etc.
Commençons par rappeler une évidence : une page n’est pas un site. Il existe certes des sites constitués d’une seule page, mais là encore, leur conception est pensée et adaptée à ce cas particulier.
D’autre part, Facebook n’est en aucun cas “chez vous”. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un rapide coup d’œil aux conditions d’utilisation du réseau social. Vous n’êtes propriétaire de rien, pas même de vos propres contenus. Vous n’avez pas décidé des rubriques figurant sur votre page, vous n’avez fait que remplir différentes cases prêtes à l’emploi. Vous avez indiqué votre adresse, signalé votre activité, affiché vos meilleures photos, inséré quelques messages à destination de vos visiteurs et obtenu des mentions “J’aime” de vos proches. Mais dans quelle mesure votre page Facebook sera-t-elle réellement différenciée des dizaines d’autres, vues chaque jour par les internautes ? Et surtout, en quoi cette longue suite de choix par défaut permet-elle à votre entreprise de se démarquer des pages de vos concurrents ?…
Puisque le concret nous aide parfois à y voir plus clair, souvenez-vous de votre lointaine période grunge (promis, ça restera entre nous). Lorsque vous vous rendiez à la Fnac avec la ferme intention de vous procurer le tout dernier CD de Nirvana, vous sentiez-vous tout à coup, comme par magie, “chez Nirvana” ou bien résolument et définitivement au sein de l’enseigne Fnac ? Et dans ce contexte, votre œil n’était-il jamais attiré par d’autres musiques, par d’autres articles, allant parfois jusqu’à vous faire hésiter sur votre idée d’achat initiale ? Lorsque vous aurez trouvé la réponse à cette épineuse question, n’oubliez pas que vos visiteurs Facebook fonctionnent exactement comme vous.
Ce n’est pas un hasard si les entreprises en situation de réussite se sont toutes dotées de leur propre site internet. Il est peu probable que leur seule intention ait été de se lancer dans des dépenses inutiles. Avoir son espace à soi est un énorme plus, aussi bien en termes d’image que de retombées concrètes, ceci quelle que soit la taille de votre entreprise.
Facebook est à utiliser pour ce qu’il a à offrir : ses capacités de réseau social. N’en espérez pas autre chose. Et uniquement en complément de votre propre site, espace sur lequel vous aurez réellement marqué votre empreinte, véritablement mis en place votre communication, aussi bien sur le fond que sur la forme. Et ceci en restant libre et totalement maître de vos choix.
Les agences de communication sont des équipes de professionnels de tailles très variables ; elles peuvent être composées de 3 personnes comme de 50. Le plus souvent, chacune a un rôle et des compétences bien définis : le commercial en contact direct avec le client, le directeur artistique qui définira les grandes lignes d’un projet, les graphistes qui exécuteront au mieux les consignes reçues, le concepteur-rédacteur chargé de mettre en place des contenus textuels dignes de ce nom, le chargé de fabrication qui vérifiera que le jaune-orange n’est pas devenu rouge-orange chez l’imprimeur, l’équipe de développeurs dont la mission est souvent de réaliser l’impossible. Et enfin, le boss, régulièrement propulsé au rang de super-commercial, notamment grâce à un charisme animal hors du commun.
Les projets confiés à une agence de communication suivent donc un itinéraire relativement horizontal, passant de mains en mains, en fonction des compétences pointues requises à chaque étape du travail. Bien entendu, plus les équipes sont restreintes et plus les intervenants doivent faire preuve de talents multiples.
On l’aura compris, confier son projet de communication (web ou print) à une agence est la plupart du temps l’assurance d’un projet solide, réalisé par de vrais professionnels. Nous sommes bien loin des chemins de traverse évoqués plus haut.
Les bémols à apporter seront essentiellement de deux natures.
En faisant appel à une agence, le budget global de votre projet comprendra bien entendu le coût du travail des différents intervenants que nous venons de rencontrer, mais également celui de la personne en charge de l’accueil, celui de la location d’une adresse prestigieuse comme de l’entretien des locaux. Il s’agit là de coûts parfaitement justifiés, mais qui réservent tout de même les agences aux budgets conséquents.
La seconde limite est une déconnexion assez courante entre le client et l’équipe en charge de la réalisation du projet, le commercial jouant souvent le rôle d’intermédiaire. Ce manque de dialogue direct provoquant parfois quelques flottements qualitatifs.
Le plus souvent, ces profils indépendants ont commencé par exercer au sein d’agences de communication. Ils en possèdent donc la culture et les réflexes.
C’est sans doute dans cette catégorie de prestataires que vous rencontrerez les compétences et les profils les plus variés. Ce qui n’est pas fait pour vous simplifier la tâche. Certains graphistes se consacrent avant tout à la création de documents imprimés tandis que d’autres privilégient le web. Ceci dépend de leurs intérêts personnels, mais aussi de leur formation et de leur parcours. N’hésitez pas à les interroger sur la question. Vu de l’extérieur, ceci peut sembler anecdotique, mais gardez bien en tête que le print et le web obéissent à des règles très différentes, aussi bien sur le plan technique que sur celui de l’écriture visuelle. On ne consulte pas une plaquette comme une page internet, la lecture n’est pas la même. Leur conception ne suit donc pas exactement les mêmes logiques.
Une catégorie un peu moins répandue maîtrise cette double compétence, ce qui est un gage de suivi et de cohérence lorsqu’on envisage une communication globale autant sur le web qu’à l’aide de documents imprimés.
En tant qu’interlocuteur direct, un prestataire indépendant (ou freelance), si vous l’avez bien choisi, se montrera la plupart du temps plus réactif à vos demandes qu’une agence, cette dernière devant faire face à des contraintes d’organisation plus lourdes.
Par définition, le graphiste indépendant doit posséder un certain nombre de savoir-faire complémentaires. Nous avons vu qu’il y avait d’un côté le print et le web. Mais qu’en est-il de sa capacité à comprendre vos enjeux ? À vous conseiller, à être force de proposition ? Et, plus simplement, son site internet est-il truffé de fautes d’orthographe, pourrez-vous compter sur lui pour la relecture de vos textes ?
Faire appel à un prestataire indépendant représente par conséquent un véritable pari. Un mauvais casting et c’est l’ensemble de votre communication qui pourra en pâtir, au moins pour un temps. À l’inverse, une bonne adéquation entre votre graphiste et votre projet vous permettra de construire une communication solide et durable, sans pour autant devoir y consacrer les budgets inhérents aux agences de communication.
Last but not least : un prestataire indépendant implique par définition un mode relationnel bien spécifique qui ne conviendra pas à tous. En effet, si vous êtes régulièrement sujet aux crises d’autoritarisme, vous trouverez sans doute plus confortable de vous tourner vers une agence, plus à même de gérer des relations sous un angle avant tout commercial. À l’inverse, en faisant appel à un interlocuteur unique et impliqué, l’échange est par nature fortement personnalisé, la confiance mutuelle s’avère rapidement indispensable. Les réalisations qui en résultent gagnent toujours à bénéficier de ce climat relationnel. Le facteur humain joue en effet son petit rôle ; les clients enthousiastes et à l’écoute finissent forcément par être un peu mieux lotis que les autres !